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La pratique sportive est l'une des spécialités de la région Auvergne Rhône Alpes, en particulier grâce aux territoires de montagne. Découvrez les travaux inédits de nos chercheurs sur le sport de montagne qui sera, demain encore, une source inépuisable de découvertes.


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Accidentologie en montagne

La base de donnée participative SERAC permet aux pratiquants de sports de montagne de faire des retours d'expérience sur les accidents et les incidents en montagne. Une fois ces données traitées, on peut mieux comprendre les risques et les causes des accidents et sensibiliser plus efficacement les sportifs.

 

1. Point technique


SERAC et science participative
Pour mieux comprendre les comportements, les risques et les causes des accidents et des incidents en montagne, les chercheurs du laboratoire L-VIS se sont basés sur un grand nombre de témoignages. Pour les recueillir, une base de donnée en ligne, SERAC, a été mise en place via le site internet camptocamp.org.

Chacun peut témoigner librement de ses expériences en montagne, qu'il y ait eu un accident (une ou plusieurs blessures physiques), un incident (une chute ou une avalanche sans blessures) ou un quasi-accident (il ne s'est rien passé mais ça aurait pu !). Il faut également renseigner l'altitude, le sport pratiqué ou encore l'âge et le niveau d'expérience. Les témoignages d’incidents et de quasi-accidents sont (heureusement) plus nombreux. Ce n’est pas parce qu’il ne s’est “rien passé” que ça n’est pas important ! Au contraire, ces témoignages aident à mieux comprendre les situations lorsque les personnes ont pris “la bonne décision”, du “bon matériel” ou ont eu “un coup de chance”. Ils sont aussi plus faciles à raconter car les conséquences en ont été légères. Les chercheurs analysent ensuite tous ces témoignages et en font des statistiques.

C'est ce qu'on appelle des sciences participatives : parfois, lorsque les recherches nécessitent un grand nombre de données, les citoyens peuvent participer à ces recherches pour aider les chercheurs. Cela peut être pour fournir les données, comme les témoignages, mais aussi pour aider les chercheurs à traiter un grand nombre de données en réalisant des tâches simples comme trier des photos par exemple.


2. Recherches et découvertes


Les chercheurs du laboratoire L-VIS à Lyon ont analysé les données de la base SERAC. Grâce à de nombreux témoignages, ils ont pu obtenir assez de résultats pour en faire un rapport sur l’accidentologie de montagne sorti en 2017, en collaboration avec l’entreprise Petzl ! Ces résultats permettent de mieux comprendre comment peuvent arriver les accidents et incidents en montagne et comment les éviter car les sports de montagne sont les plus mortels, notamment l’alpinisme et la randonnée pédestre.


Les sports renseignés sur SERAC sont majoritairement le ski de randonnée, l’escalade, et l’alpinisme. Les contributeurs ayant laissé leur témoignages sont généralement des hommes de 26 à 35 ans, assez expérimentés, confirmés voire experts. Les avalanches, la chute d'une personne ou de la cordée et la chute de pierres ou de glace sont les événements les plus décrits dans ces témoignages. En analysant les témoignages, les chercheurs ont établi les facteurs de risque et les causes des accidents et incidents de montagne.

En ski de randonnée
L’expérience peut devenir mauvaise conseillère : « Nous n’avons pas fait suffisamment attention au vent fort qui transportait la neige car c’est un itinéraire qu’on pratique habituellement quand les risques d’avalanche sont forts. Bref, on s’est fait piéger par l’habitude d’un itinéraire qu’on pensait protégé du risque. » (Avalanche - sans blessures)

Le manque d’attention est un risque de ne pas voir le danger : « Je me laisse emporter par la griserie de la descente et je quitte le couloir pour aller skier une pente vierge en rive droite. (...) À la fin j’oublie toute règle de prudence tellement c’est bon de faire voler la poudre jusqu’aux oreilles et de faire sa trace dans du vierge. » (Avalanche - ensevelissement)
« Pas mal de fatigue accumulée, entre le taf, et les quelques sorties matinales de ces derniers jours... Un problème qualité découvert à 23h hier soir (jamais ouvrir ses mails pro à ces heures là !!), un lever difficile, plus de Nutella, pas le grand beau annoncé, bonnet pas retrouvé, bon, bref, c’était pas prévu que ça soit une belle et grande matinée. (...) Pas de réflexion, ni sur le risque associé à la situation dans laquelle je suis, ni sur le fait que je me suis bien éloigné du standard que je m’autorise quand je sors seul. » (Avalanche - sans blessures)

La pression du groupe ou celle que l'on s'impose mène à des choix risqués : « A. veut monter aux Vans : la neige a l’air aussi bonne par là et c’est tracé. Après quelques discussions, je finis par céder, après tout la voie normale n’est pas raide et c’est déjà bien tracé. (...) A. veut descendre par le couloir NW, je dis non, que c’est typiquement le versant où des plaques sont en train de se former, mais comme du monde est passé par là et que ça avait l’air d’être du très bon ski, je finis par céder. » (Avalanche - ensevelissement)

L'opportunité est jugée trop belle pour renoncer : « Trop motivé. Trop peu de sorties en neige-glace durant cet hiver pourri, et après un été gâché par un lumbago. Je voulais absolument en faire une avant le printemps (ce 20 mars était le 1er jour du printemps). Donc motivation “négative” (besoin dangereux de “revanche” sur le temps), car poussant à nier le danger (risque d’avalanche). » (Avalanche - ensevelissement et chute)


La présence d'autres groupes fragilise le parcours : « Je ferme la marche de notre groupe pour encorder si nécessaire un compagnon qui trouverait la pente un peu raide ou la neige trop dure sur l’arête. Derrière nous suivent les Espagnols qui ont visiblement du mal à respecter les espacements. Mais bon, doivent-ils se dire, 7 personnes sont déjà passées, ça tiendra bien pour les suivants ! » (Avalanche - ensevelissement et chute)

En alpinisme et escalade
L’excès de confiance et le relâchement prématuré mènent à de mauvaises décisions : « Je pense que ma mauvaise décision concernant les crampons et mon manque de concentration, à l’origine de la glissade, s’expliquent en partie par un état de grande fatigue, accumulée la semaine précédente. J’ai manifesté à plusieurs reprises des signes de distraction que j’ai ignorés ; sans doute l’excitation d’être en montagne après trois semaines sans. » (Chute)

Les facteurs de risque bien connus se confirment (chute de pierres, défaillance d'un point de protection, erreur d'itinéraire...) : « J'étais sur une grande dalle 5 mètres au-dessus de la vire environ. La dalle s'est mise à bouger, je suis parti sur le côté gauche instinctivement pour m'échapper (confirmé par mon compagnon de cordé). J'ai dû faire quasiment 2 mètres, mais la dalle s'est effondrée sur 4 à 5 mètres de large et sans doute 2 à 3 mètres de haut. Ensuite j'ai rebondi dans les rochers. Mon partenaire dit que la dalle s'est retournée et fracassée sur la vire avec moi dessus. » (Chute de pierre - chute encordé)
« Je m'engage dans le rappel, plutôt soucieux de mon camarade et de la qualité de son auto assurage et un peu absorbe, je ne vois pas la pierre qui arrive du haut. » (Chute de pierre)

3. Et demain ?


A l’avenir, les chercheurs souhaitent continuer leurs travaux sur ces témoignages. En effet, plus il y a de témoignages (y compris d’incidents et de quasi-accidents) sur la base de donnée SERAC, plus on peut en tirer des éléments en commun. Cela permet de mieux comprendre les causes des accidents et d’établir des “situations types”.

Cette méthodologie scientifique d’analyse de témoignage est en train de faire ses preuves. Elle pourra être utilisée dans le cadre d’autres pratiques dites “à risque”, comme par exemple les activités sportives aquatiques. C’est aussi le cas du vélo en ville ! Nous avons tous vécu au moins une fois un incident en utilisant ce moyen de transport urbain : on a “failli” rentrer dans une portière, dans une voiture, dans un autre vélo… Ce type d’incident reste généralement sans conséquences, mais en témoigner sur une base de donnée permettrait, comme pour les sports de montagne, d’éviter les accidents !
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Mieux connaître l’accidentologie des sports de montagne

Découvrez les résultats des études menées par les chercheurs du L-Vis,pour mieux connaître l’ampleur du phénomène, les profils des victimes et les contextes propices aux accidents.

SERAC. Retours d'expériences d'accidents en montagne.

Base de données mondiale sur les accidents et incidents en montagne. Sa vocation est d'améliorer la sécurité dans la pratique de l'escalade et des sports de montagne.

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Femmes alpinistes


Pendant longtemps, l'alpinisme a été une affaire d'hommes. Peu à peu, les femmes ont dû transgresser l'ordre social et les codes de conduite de leur époque pour s'approprier cette pratique. C'est pour mieux comprendre la lente (mais sûre) ascension des femmes alpinistes qu'une chercheuse du laboratoire L-VIS à Lyon travaille sur leurs histoires, leurs parcours et les étapes de transformation de leurs pratiques, notamment la conquête de leur indépendance avec les cordées sans hommes.


1. Point technique

Les alpinistes françaises :


Marie Paradis : première femme au sommet du mont Blanc, en 1808 : "tirée, traînée et portée" par des guides voulant démontrer l’accessibilité des lieux.

Henriette d'Angeville : surnommée "la fiancée du mont Blanc". La première femme à gravir le Mont Blanc en 1838.

Claude Kogan : première femme alpiniste à gravir le Quitaraju au Pérou (6 040 m) en 1951 et surnommée "femme la plus haute du monde" en 1954. Mène une expédition entièrement composée de femmes sur le Cho Oyu (8000 m) en Himalaya en 1959.

Martine Rolland : première française guide de haute-montagne (1983).

Catherine Destivelle : première femme à gravir en hiver et en solitaire les trois grandes faces nord des Alpes (1991).

Chantal Mauduit : elle atteint 6 sommets à plus de 8 000 mètres sans apport d'oxygène, entre 1992 et 1997. Elle est la première femme à faire l'ascension du sommet himalayen Lhotse (8 516 m) en 1996.

Laurence de la Ferrière : première et seule femme au monde à avoir traversé intégralement l'Antarctique en solitaire (1996-2000).

Christine Janin : deuxième femme au monde à atteindre le pôle Nord sans moyens mécaniques (1997).

Marion Poitevin : guide de haute-montagne et première femme à intégrer le groupe militaire de haute-montagne (GMHM) en 2008, à devenir instructrice de l'école militaire de haute-montagne (2012) et à rejoindre les CRS de montagne (2016).


2. Recherches et découvertes

L’histoire des femmes alpinistes françaises commence dès le 19e siècle, avec des pionnières comme Marie Paradis et Henriette d'Angeville. A cette époque, la pratique des femmes relève davantage de "l'excursionnisme" : la pratique est limitée à des efforts modérés, sans danger, encadrée familialement et toujours sous tutelle des hommes. Cette forme de pratique ne fait pas d'ombre aux hommes de l'alpinisme dit "acrobatique". L'émancipation des femmes reste contrôlée, notamment par l’imaginaire d'un alpinisme rude et non adapté aux femmes. Les discours de l'époque exacerbent la prétendue "dangerosité" de la montagne face à la prétendue "faiblesse" des femmes, les tenues vestimentaires non adaptées (comme le corset, les chaussures et les jupes par exemple) ou encore les conditions d'hébergement précaires des refuges.

C'est durant l'Entre deux guerres que les alpinistes françaises innovent vers une nouvelle forme de pratique. Elles s’organisent entre elles et forment des cordées sans hommes pour prouver qu'elles sont capables de participer aux expéditions sans guide et avec succès. Les institutions et les médias traitent alors ces initiatives comme des exceptions et ne souhaitent pas que le phénomène se généralise car les femmes alpinistes bouleversent l'ordre social et les rôles qui leurs sont attribués à l'époque. Ces exceptions sont tolérées du moment qu'elles restent discrètes et toujours victorieuses, comme si les hommes devaient rester les seuls à accomplir des performances "héroïques" en montagne ! C'était sans compter les exploits de Claude Kogan qui mène une cordée sans hommes à la conquête du Cho Oyu (8 000 m) en 1959. L’association internationale des femmes alpinistes nommée le Rendez-vous Haute Montagne (RHM) est créée en 1968. Elle rassemble des femmes qui considèrent avoir conquis leur place en montagne comme les hommes. C'est l'occasion pour ces femmes de vivre leur passion de l'alpinisme en toute autonomie, en dehors des normes et des préjugés.

Cette autonomie ne plaît pas à tout le monde : les femmes alpinistes sont caricaturées soit comme "érotiques", soit comme "musclées un peu effrayantes" et vues commes des "monstres". Malgré ces quelques critiques, le RHM s'agrandit et devient de plus en plus reconnu. A la fin du 20e siècle, les cordées entre femmes sont intégrées par les institutions alpines comme le Club Alpin Français ou la Fédération Française d'Escalade, ce qui permet leur acceptation et leur diffusion. Les années 80 marquent le début de la professionnalisation des femmes dans le milieu de la montagne, avec Martine Rolland, en 1983, puis Marion Poitevin en 2008. Au tournant du 21ème siècle, de plus en plus d'équipes de femmes sont constituées dans les clubs, mais elles demeurent paradoxalement souvent encadrées par des hommes, majoritaires dans les postes de décisions. On observe alors une différence de traitement avec les hommes dans les niveaux de sélection et les parcours. Ainsi, depuis 2010, des groupes et des clubs de femmes se multiplient. De la pratique à la gouvernance en passant par l’encadrement, les femmes prennent dorénavant la tête de la cordée.

3. Et demain ?

Au Club Alpin Français, les femmes représentent environ 48% de la totalité des pratiquants ! Si elles sont souvent aussi nombreuses que les hommes dans la pratique sportive, elles sont très peu citées dans les médias et encore peu présentes dans les directions des institutions et dans l'encadrement sportif. Il en est de même dans la recherche scientifique où les études traitant de la place des femmes dans le sport sont rares. Dans ces conditions, que nous réserve l’avenir ? Restons optimistes mais vigilants. Une prise de conscience des inégalités se développe : des formations universitaires spécialisées sur ces questions sont ouvertes, la place des femmes dans le sport grandit d’année en année, de plus en plus d’équipes sportives constituées de femmes, à tous les niveaux (direction, encadrement, pratiquantes), voient le jour… Les acteurs et actrices du système sportif doivent, à leur tour, être formé(e)s sur ces questions afin que les sportives aient accès aux mêmes droits et à la même dignité que les sportifs. Quoi qu’il en soit, les femmes passionnées par leur pratique sportive continueront d’avancer et de faire bouger les lignes !
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Les dernières images de Claude Kogan

Jeanne Franco, alpiniste, raconte et commente les images de l'expédition, dirigée par Claude KOGAN, à laquelle elle participait en 1959 aux côtés de 11 autres femmes parties à l'assaut du Cho Oyu dans l'Himalaya.

Les femmes alpinistes ... vues par les hommes

Un blog recense des représentations de la femmes à la montagne au siècle dernier. Le monde alpin y apparait comme un univers très viril. Un regard des montagnards au mieux lubrique, au pire brocardeur, limite méprisant.





Histoire du tourisme sportif alpin



Pour mieux comprendre l'évolution du territoire de montagne et la pratique sportive alpine, il est nécessaire d'analyser les choses dans leur contexte sportif bien sûr, mais aussi social, culturel et économique. Étudier la façon dont les pratiques sportives sont traitées dans les médias est une manière de reconstituer leur évolution. C'est la mission d'une discipline trop souvent laissée de côté : l'histoire.


1. Point technique

Lorsqu'on parle de "sciences du sport", l'histoire nous vient rarement à l'esprit. Pourtant, les travaux en histoire du sport permettent de mieux comprendre l'évolution des pratiques sportives et d'un territoire particulier comme celui de la montagne.

La région Auvergne Rhône Alpes est une mine de questions et d'informations. Le territoire de montagne qui s'y trouve est extrêmement riche et évolue de façon complexe au fil des ans. Pour étudier cette évolution, les historiens se basent sur des documents d'archive, des témoignages, des objets et des paysages, mais aussi sur la façon dont les médias en parlent. En effet, lorsqu’un journal télévisé choisit de parler d'un sport en particulier ou d'un lieu de tourisme sportif en montagne, ce qui est dit par les journalistes apporte des informations en plus. Dans le cas de la fresque Montagne magique, les analyses des historiens et historiens du sport sont croisées avec celles de géographes, d’économistes, de spécialistes des sciences de la communication.

2. Recherches et découvertes

Comment a évolué le tourisme sportif dans les montagnes alpines depuis un siècle ? C'est ce que veulent comprendre les chercheurs du labex ITEM (Innovation et Territoires de Montagne) Pour cela, ils ont réalisé des recherches sur un certain nombre de documents audiovisuels de l'INA. Les résultats sont regroupés dans une fresque, Montagnes Magiques, réalisée en collaboration avec l’INA.

Très vite, on comprend que la première problématique des territoires de montagne est celle de la concurrence, de plus en plus rude au fil des ans. Pour mettre la montagne en valeur et développer le tourisme, les acteurs du territoire redoublent d'innovations, proposent de nouvelles pratiques sportives, organisent des événements de grande ampleur et diversifient leurs activités. Les journaux télévisés, non seulement témoins de ces évolutions, y participent en diffusant une certaine image des territoires de montagne aux téléspectateurs.

- Des innovations et des nouvelles tendances :
Pour attirer un nouveau public, l'image des sports de montagne doit montrer qu'ils sont accessibles, divertissants et pour toute la famille. Que cela soit le vélo-ski (1947), l'apparition des skis courts (1954) ou encore le snowkite (2005), il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux ! L'alpinisme se renouvelle en offrant de nouveaux défis comme celui des 4000, relevé (en partie) par Patrick Berhault et Philippe Magnin (2004). Les femmes alpinistes, bien que traitées différemment des hommes dans les reportages, sont aussi mises à l'honneur avec Chantal Mauduit (1993). Les reportages présentant de nouvelles pratiques sportives parlent très peu des risques, et prennent souvent un ton léger pour rassurer les téléspectateurs : vous êtes en sécurité grâce aux professionnels de la montagne, tous formés à l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme de Chamonix-Mont-Blanc (2009) !

- Des risques :
Malgré tout, les risques existent et l'on commence à en parler à la télévision au tournant des années 2000. Avec un nombre de pratiques sportives de plus en plus grand, elles ont parfois du mal à "cohabiter". Certains pratiquants sont accusés de déclencher des avalanches, comme les snowboarders (1995). Les nouveaux sports, tels que le canyoning ou le parapente, obligent les équipes de sauvetage à s'adapter à des conditions parfois hostiles et difficiles d'accès (1996). Les reportages font alors passer un message de sensibilisation : les pratiquants doivent être responsables et bien se comporter pour éviter les accidents.

- Des événements de grande ampleur :
Faire la promotion de la région passe aussi par l'organisation d'événements sportifs de grande ampleur. Ils peuvent montrer une identité régionale très forte, comme la coupe Icare à Saint-Hilaire du Touvet (1974), attirer un public national voire européen avec le mondial de snowboard aux Deux Alpes (1996), ou rassembler autour d'un projet commun tel que la candidature de la ville d'Annecy aux Jeux Olympiques d'hiver 2018 (2009).

- Une diversification des activités :
Les territoires de montagne utilisent toutes les ressources possibles, entre modernité et tradition, pour développer le tourisme. Du tourisme actif, avec des stages intensifs par exemple, mais aussi du tourisme plus contemplatif comme la randonnée (1976). Au départ vue comme un lieu de vacances d'hiver, la montagne propose de plus en plus d'activités touristiques en été (1986). Les particularités de chaque site sont exploitées : les sports nautiques et l'exploration des espaces naturels au lac de Monteynard (1990), un chemin de randonnée ouvert à un large public comme la route des Grandes Alpes (2000), la création d'un stade d'eaux-vives à l'Argentière-La-Bessée (2002), ou encore la présentation des coulisses des stations de ski aux clients à la station des Arcs (2005). Cela peut aller jusqu'à la création de parcs aquatiques tropicaux en pleine station de ski, à Avoriaz (2013) !


3. Et demain ?



Si les historiens réalisent généralement leurs recherches dans leur bureau, ils sont parfois poussés à faire des expériences sur le terrain et certaines sont impressionnantes ! C’est le cas de Stéphane Gal, historien au laboratoire LARHRA et sur le labex ITEM, qui s’est associé à un triple champion paralympique de cyclisme, Patrick Ceria, pour une expérience hors du commun… Une traversée des Alpes en armure du 16e siècle !

L’objectif est de reproduire la traversée d’une partie des Alpes de François Ier et de ses chevaliers, dont le célèbre Chevalier Bayard, en 1515. Plus qu’une simple reconstitution, l’expédition en armure servira à mieux comprendre dans quelles conditions physiques et matérielles les soldats de l’époque ont fait cette traversée.

La traversée se déroule du 6 au 7 juillet 2019 et donnera lieu à un documentaire sur ce projet MarchAlp. Pour l’occasion, l’historien Stéphane Gal portera une armure d’homme à pied et Patrick Ceria sera un cavalier en armure. Le groupe sera également accompagné du chef de l’entreprise Bayard capital et d’une troupe de dix militaires chasseurs alpins de la 27ème BIM. Comme quoi… on peut faire de l’histoire et partir en expédition !



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Montagnes magiques. 100 ans de tourisme alpin à l'écran (INA)

Une sélection d’archives de l’Ina, du Musée dauphinois et de la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l'Ain sur le développement du tourisme alpin depuis plus d’un siècle.

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Projet MARCHALPES

En 1515, François Ier et ses chevaliers franchissent les Alpes en armure. Des scientifiques, sportifs et passionnés reconstituent cette performance physique et matérielle. A découvrir dans un documentaire.

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Hypoxie


L'hypoxie, un manque d'oxygène provoquant le mal aigu des montagnes, peut se révéler dangereuse pour les sportifs en altitude. Etonnamment, elle peut aussi être un moyen d'améliorer la santé des patients atteints de maladies respiratoires...
Etudier l'hypoxie n'est pas de tout repos : elle amène les chercheurs à partir en expédition sur le mont Blanc, en Himalaya et dans la ville la plus haute du monde !


1. Point technique

L'hypoxie est un manque d'oxygène dans le sang qui peut toucher l’ensemble, ou une partie, de l’organisme. Ce manque peut avoir des conséquences importantes sur les performances physiques mais aussi sur la santé.

Dans la nature, on peut être en hypoxie à cause de l'altitude. Plus on gagne en altitude, plus la pression atmosphérique diminue. Elle entraîne avec elle la diminution de la pression partielle en oxygène, ce qui signifie que pour un même volume d’air, il y a moins de molécules d’oxygène. Au sommet du mont Blanc, on absorbe près de moitié moins d’oxygène qu’au niveau de la mer.

En altitude, l'hypoxie peut provoquer le mal aigu des montagnes. Il se caractérise par des maux de tête, des vomissements, des essoufflements, une perte d’appétit et peut aller jusqu’à l’oedème pulmonaire ou cérébral voire entraîner la mort dans les cas les plus graves.

L'hypoxie peut aussi avoir une origine pathologique. Lorsque le corps n'arrive pas à suffisamment s'approvisionner en oxygène, des maladies respiratoires et cardiaques se développent comme par exemple la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou le syndrome d’apnées du sommeil.

2. Recherches et découvertes


Pour étudier l'hypoxie, les chercheurs du laboratoire HP2 à Grenoble et du LIBM ont vu grand : ils ont réalisé plusieurs expéditions scientifiques en haute altitude sur le massif du Mont-Blanc, en Himalaya et dans les Andes. Leurs travaux pourraient par exemple permettre aux sportifs d'optimiser leurs performances en altitude.
 

Pour pallier au manque d’oxygène et au mal des montagnes, plusieurs solutions existent comme l’utilisation de bouteilles d’oxygène, de médicaments ou d'un caisson hyperbare. Malgré leur utilité, ces procédés sont lourds ou difficiles à utiliser. Ce qui n’est pas le cas du masque Sumit Air, développé par les chercheurs du laboratoire HP2 et testé lors de l’expédition au mont Manaslu, en Himalaya ! Le masque fonctionne grâce à une technique utilisée depuis longtemps dans le domaine médical, la pression expiratoire positive. Une fois le masque posé, il faut "pousser pour respirer” : au moment où la personne expire, la pression dans les poumons augmente et permet la diffusion de l’oxygène vers le sang.

L’altitude et le manque d’oxygène qu’elle entraîne n’ont pas que des effets négatifs sur l’organisme. Dans certaines conditions, le corps humain est capable de s’adapter au manque d’oxygène en modifiant ses paramètres physiologiques, ce qui peut avoir des effets bénéfiques sur la santé ou sur les performances sportives. Les premiers effets du manque d’oxygène se font ressentir après quelques heures passées au-dessus de 1 500 m d’altitude. Il faut plusieurs plusieurs semaines à l’organisme pour s’adapter et pour en tirer d’éventuels bénéfices. La station de ski Les Saisies l'a bien compris en proposant des salles d'entraînement à l’hypoxie à disposition des sportifs et des vacanciers.

Mais tout le monde n'a pas forcément les moyens de passer ses semaines à la montagne... Les chercheurs ont donc trouvé une solution à ce problème : l’altitude simulée ! Il s’agit de reproduire en plaine les conditions d’altitude. Pour cela, il suffit d’inhaler un air où la concentration en oxygène est réduite, par intermittence, au repos ou durant un exercice. Avec cette méthode, le corps s'habitue petit à petit au manque d'oxygène. Cela permet aux sportifs de se préparer pour un séjour en altitude, et potentiellement aux patients atteints de maladies respiratoires d'améliorer leurs conditions de vie !


3. Et demain ?

Pour continuer à étudier les étonnants effets de l'hypoxie sur le corps humain, les chercheurs du laboratoire HP2 sont repartis en expédition scientifique en 2019... à La Rinconada, la plus haute ville du monde (5300m) ! Et demain ? Il va falloir d’abord analyser tous les résultats récoltés pendant l’expédition. Ces résultats permettront de mieux comprendre comment les habitants de La Rinconada parviennent à survivre à si haute altitude et à quels problèmes de santé ils sont exposés. Après l’étude des résultats, les chercheurs repartiront au Pérou pour poursuivre sur le terrain ce programme scientifique et humanitaire. D’autres expériences sont prévues, comme par exemple sur les personnels de la base Antarctique de Concordia, une station de recherche située à plus de 3000 m d’altitude. Ces recherches seront utiles pour améliorer la santé des patients atteints de maladies respiratoires mais pas seulement... Le domaine de l’aérospatiale s’intéresse aussi aux travaux de nos chercheurs sur l’hypoxie : comment l’homme peut-il survivre dans l’espace, dans des capsules contenant moins d’oxygène ? L’aventure continue !



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HYPOXIE - La science au coeur de l'Himalaya

Une expédition de chercheurs, dirigée par Samuel Vergès, s'est installée au pied du Manaslu en Himalaya, à plus de 5000m d'altitude, pour observer, comprendre et remédier, aux malaises de haute altitude.

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CARNET D'AVENTURES SCIENTIFIQUES #5


Expédition 5300. Une équipe de scientifiques arrive dans la ville la plus haute du monde, à près de 5300m d'altitude !

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